martes, 26 de septiembre de 2023

jacques darras / carta a elena (2)











La dedicación al beso es animal.
Sea, seamos nuestros propios animales.
Rujamos silenciosamente con nuestros labios.
Hay que tener resuello para besarse.
El resuello también sirve para eso.
El amor, es no volver a respirar.
El amor es apnea marina en tierra.
*
Al fin y al cabo desnudarse es como ir a nadar.
Aquí la mar será una sábana con arrugas.
Imitan las olas.
Lo consiguen muy bien.
Las ayudamos nadamos entre ellas
olas y arrugas.
Nadamos sudando a mares a cuatro brazos
la braza cuádruple.
Somos cuadrúplodos.
*
Beber del seno.
Como mamar de adulto.
Como recuperar las esferas de la infancia.
Jugar con las esferas a la pelota galáctica.
El mundo el universo sería entonces una mujer
hermosa.
Dios sería para mí solo para nosotros dos.
Dios sería Eva y yo Adán.
*
Reescribo la Biblia con los dientes.
Bibloneo.
*
A ser sabio en el amor se aprende.
Se precisa paciencia y domesticidad.
Salvaje domesticidad.
La salvajada sólo llega al cabo de largos momentos.
La salvajada amorosa no tiene nada que ver
con la crueldad.
La caricia manual es una salvajada modelable.
Tocar la piel, la más sensible de las alarmas.
La dermis ruge, la dermis es un felino secreto.
*
El amor desarma, el amor arma de otro modo.
Tiene fundas, forros, cuerpos retráctiles.
Un bosque se hace entre dos, una persecución
se organiza.
Habrá claros, helechos.
Habrá zarzas, charcas.
Beberemos lamiendo, correremos saltando.
Habrá hojas y tersura.
Habrá leyendas de árboles y de arrullos
nebulosos.
*
El volumen del amor aumenta el espacio.
El amor acrecienta.
El amor convoca el máximo de imágenes naturales.
Su desnudez quiere desnudarse múltiplemente.
El secreto mejor guardado se divulga en la profusión.
Millones de hojas nos esconden nos exponen.
*
Podríamos plantarnos sembrarnos
ensemillarnos.
El encadenamiento vegetal amenaza la imaginación.
Sed más sobrios advierte el arrendajo el trepatroncos.
Más sobrios, los gestos más precisos.
El maestro forestal nos cansa charlatán
profesional.
Orugas en las palmas nosotros, de acuerdo,
Muy suave es su seda, ¿habéis probado ya?
*
Probar, esa es la palabra.
Probarse un vestido, un traje, probarse un bosque
entero para uno solo.
Probarse, yo me pruebo, tú te pruebas, nosotros
nos probamos.
No hacerlo lo mejor posible, probar, no intentarlo
varias veces.
No hay nada que aprender, está tirado, ya se ha hecho.
Probar, el más progresivo, el más amoroso
de los verbos.
Ponemos a prueba el verbo «probar».
Queréis probarlo con las manos con la boca ¡Probad!
*
¿La prueba el asalto el acoso?
No hay que confundirse de alamedas de claros
soñolientos en el bosque.
El avellano de los sueños debe inclinarse flexiblemente.

***
Jacques Darras (Bernay-en-Ponthieu, Somme, 1939)
Versión de Miguel Veyrat

/

Lettre à Hélène (2)

*

L’application au baiser est animale.
Soit, soyons nos propres animaux.
Rugissons silencieusement avec nos lèvres.
Il faut du souffle pour s’embrasser.
Le souffle sert aussi à cela.
L’amour, ne pas reprendre respiration.
L’amour une apnée marine sur la terre.
*
D’ailleurs se dénuder est comme d’aller nager.
Ici la mer sera un drap avec des plis.
Ils imitent les vagues.
Ils y réussissent bien.
Nous les aidons nous nageons au milieu d’elles
les vagues les plis.
Nous nageons la nage à quatre bras
la brasse quadruple.
Nous sommes des quadruplodes.
*
Boire au sein.
Comme de se nourrir adulte.
Comme de retrouver les sphères de l’enfance.
Jouer avec les sphères les ballons galactiques.
Le monde l’univers serait une belle
femme.
Dieu serait pour moi seul pour nous deux.
Dieu serait Ève moi Adam.

*
Je réécris la Bible avec mes dents.
Je Biblonne.
*
Être savant en amour s’apprend.
Il y faut de la patience de la domesticité.
De la domesticité sauvage.
La sauvagerie ne vient qu’au bout de longues minutes.
La sauvagerie amoureuse n’a rien à voir
avec la cruauté.
La caresse avec la main est une sauvagerie modelable.
Toucher la peau, la plus sensible des alarmes.
Le derme gronde, le derme est un félin secret.
*
L’amour désarme, l’amour arme autrement.
Il y a des gaines, des doublures, des corps rétractiles.
Une forêt se fait à deux, une poursuite
s’organise.
Il y aura des clairières, des fougères.
Il y aura des ronces, des mares.
Nous boirons en lappant, nous courrons en grimpant.
Il y aura des feuilles et de la lissité.
Il y aura des histoires d’arbres et de roucoulements
nuageux.
*
Le volume de l’amour augmente l’espace.
L’amour accroît.
L’amour convoque le maximum d’images naturelles.
Sa nudité veut se dénuder multiplement.
Le secret le mieux gardé se divulgue à la profusion.
Des millions de feuilles nous cachent nous exposent.
*
Nous pourrions nous planter nous semer
nous engrainer.
L’engrenage végétal menace l’imagination.
Soyez plus sobres, avertit le geai le grimpereau.
Plus sobres, plus précis les gestes.
L’instituteur forestier nous fatigue le claqueur de bec
professionnel.
Des chenilles aux paumes nous, parfaitement,
Très douce leur soie, avez-vous déjà essayé?
*
Essayer, voilà le mot.
Essayer une robe, un costume, essayer une forêt
entière pour soi seul.
S’essayer, je m’essaie, tu t’essaies, nous
nous essayons.
Non pas faire de son mieux, essayer, non pas se
reprendre à plusieurs fois.
Il n’y a rien à reprendre, c’est donné, ce fut fait.
Essayer, le plus progressif, le plus amoureux
des verbes.
Nous mettons le verbe «essayer» à l’essai.
Voulez-vous l’essayer avec les mains la bouche, essayez!
*
L’essai l’assaut l’assaillement?
Il ne faut pas se tromper d’allées de sommières
de sommeil dans la forêt.
Il faut que le noisetier du rêve s’incline flexiblement.

No hay comentarios.:

Publicar un comentario