jueves, 20 de julio de 2017

michel houellebecq / el amor, el amor













En un cine porno, unos jubilados cascados
Contemplaban, escépticos,
Los retozos mal filmados de dos lascivas parejas;
No había argumento.
He ahí, pensaba yo, el rostro del amor,
El auténtico rostro.
Algunos son seductores, y seducirán siempre,
Y el resto sobrevive.
No existe ni el destino ni la fidelidad,
Sólo cuerpos que se atraen.
Sin sentir ningún apego ni, desde luego, piedad,
Uno juega, y después destroza.
Algunos son seductores y por lo tanto muy amados;
Sabrán lo que es un orgasmo.
Pero hay tantos otros cansados y sin nada que ocultar,
Ni siquiera un fantasma.
Si acaso, una soledad agravada por la impúdica
Alegría de las mujeres;
Si acaso, una certeza: “eso no es para mí”,
Un oscuro y pequeño drama.
Con certeza morirán un poco desengañados,
Sin ilusiones poéticas;
Practicarán a conciencia el arte de despreciarse,
Será algo mecánico.
Me dirijo a todo aquel que nunca haya sido amado,
Que nunca supo gustar;
Me dirijo a los ausentes del sexo liberado,
Y del placer corriente.
No teman amigos, su pérdida es mínima:
El amor no existe en ninguna parte.
Sólo es una broma cruel de la que ustedes son víctimas,
Una jugada de experto.

***
Michel Houellebecq (Saint-Pierre, 1956)
Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

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L'amour, l'amour

Dans un ciné porno, des retraités poussifs
Contemplaient, sans y croire,
Les ébats mal filmés de deux couples lascifs ;
Il n'y avait pas d'histoire.

Et voilà, me disais-je, le visage de l'amour,
L'authentique visage.
Certains sont séduisants ; ils séduisent toujours,
Et les autres surnagent.

Il n'y a pas de destin ni de fidélité,
Mais des corps qui s'attirent.
Sans nul attachement et surtout sans pitié,
On joue et on déchire.

Certains sont séduisants et partant très aimés ;
Ils connaîtront l'orgasme.
Mais tant d'autres sont las et n'ont rien à cacher,
Même plus de fantasmes ;

Juste une solitude aggravée par la joie
Impudique des femmes ;
Juste une certitude : "Cela n'est pas pour moi",
Un obscur petit drame.

Ils mourront c'est certain un peu désabusés,
Sans illusions lyriques ;
Ils pratiqueront à fond l'art de se mépriser ;
Ce sera mécanique.

Je m'adresse à tous ceux qu'on n'a jamais aimés,
Qui n'ont jamais su plaire ;
Je m'adresse aux absents du sexe libéré,
Du plaisir ordinaire.

Ne craignez rien, amis, votre perte est minime :
Nul part l'amour n'existe.
C'est juste un jeu cruel dont vous êtes les victimes ;

Un jeu de spécialistes.

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