sábado, 27 de mayo de 2017

paul eluard / la muerte, el amor, la vida...













Creí que me rompería lo inmenso lo profundo.
Con mi pena desnuda, sin contacto, sin eco,
me tendí en mi prisión de puertas vírgenes
como un muerto sensato que había sabido morir.
Un muerto coronado sólo de su nada ...
Me tendí sobre las olas absurdas del verano
absorbido por amor a la ceniza.
La soledad me pareció más viva que la sangre.

Quería desunir la vida,
quería compartir la muerte con la muerte,
entregar mi corazón vacío a la vida
borrarlo todo, que no hubiera ni vidrio ni vaho...
Nada delante, nada detrás, nada entero.
Había eliminado el hielo de las manos juntas,
había eliminado la osamenta invernal
del voto de vivir que se anula.
Tú viniste y se reanimó el fuego,
cedió la sombra el frío,
aquí abajo se llenó de estrellas
y se cubrió la tierra.
De tu carne clara  me sentí ligero...
Viniste, la soledad fue vencida,
tuve una guía sobre la tierra y supe
dirigirme, me sabía sin medida,
adelantaba ganaba tierra y espacio

Iba sin fin hacia la luz ...
La vida tenía un cuerpo, la esperanza tendía sus velas
promisoria de miradas confiadas para el alba.
De la noche surgía una cascada se sueños.

Los rayos de tus brazos entreabrían la niebla.
El primer rocío humedecía tu boca
deslumbrando reposo remplazaba el cansancio.
Yo amaba el amor como en mis primeros días.

Los campos están labrados las fábricas resplandecen
y el trigo hace su nido en una enorme marea,
las mieses, la vendimia, tienen muchos testigos,
nada es singular ni simple,
el mar está en los ojos del cielo o de la noche,
el bosque da a los árboles seguridad
y los muros de las casas tienen una piel común,
los caminos siempre se encuentran.

Los hombres están hechos para entenderse
para comprenderse, para amarse,
tienen hijos que serán padres de los hombres,
tienen hijos sin fuego ni lugar
que inventarán de nuevo a los hombres,
y la naturaleza y su patria
la de todos los hombres
la de todos los tiempos.

***
Paul Eluard (Saint Denis, 1895-1952)
Versión de Andrés Holguín

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La mort, l'amour, la vie

J'ai cru pouvoir briser la profondeur l'immensité 
Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho 
Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges 
Comme un mort raisonnable qui a su mourir 
Un mort non couronné sinon de son néant 
Je me suis étendu sur les vagues absurdes 
Du poison absorbé par amour de la cendre 
La solitude m'a semblé plus vive que le sang
Je voulais désunir la vie 
Je voulais partager la mort avec la mort 
Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie 
Tout effacer qu'il n'y ait rien ni vitre ni buée 
Ni rien devant ni rien derrière rien entier 
J'avais éliminé le glaçon des mains jointes 
J'avais éliminé l'hivernale ossature 
Du vœu de vivre qui s'annule.

Tu es venue le feu s'est alors ranimé 
L'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoile 
Et la terre s'est recouverte 
De ta chair claire et je me suis senti léger 
Tu es venue la solitude était vaincue 
J'avais un guide sur la terre je savais 
Me diriger je me savais démesuré 
J'avançais je gagnais de l'espace et du temps 
J'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière 
Là vie avait un corps l'espoir tendait sa voile 
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit 
Promettait à l'aurore des regards confiants 
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard 
Ta bouche était mouillée des premières rosées 
Le repos ébloui remplaçait la fatigue 
Et j'adorais l'amour comme à mes premiers jours. 

Les champs sont labourés les usines rayonnent 
Et le blé fait son nid dans une boule énorme 
La moisson la vendange ont des témoins sans nombre 
Rien n'est simple ni singulier 
La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit 
La forêt donne aux arbres la sécurité 
Et les murs des maisons ont une peau commune 
Et les routes toujours se croisent. 
Les hommes sont faits pour s'entendre 
Pour se comprendre pour s'aimer 
Ont des enfants qui deviendront pères des hommes 
Ont des enfants sans feu ni lieu 
Qui réinventeront les hommes 
Et la nature et leur patrie 
Celle de tous les hommes 

Celle de tous les temps.


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